Jean François Bizot est mort…
Jean-François Bizot, fondateur du journal Actuel et de Radio Nova, grande figure de la contre-culture qu’il a fait connaître par la presse, la littérature ou le cinéma, est mort samedi à Paris des suites d’un cancer à l’âge de 63 ans, a annoncé dimanche soir Radio Nova.
Cette grande figure de la culture « branchée », terme dont on lui attribue la paternité, ou « underground » est en fait un fils de famille. En 1968, il fait la « révolution », mais son père lui confie « 800 millions de centimes. Dans les grandes familles, on hérite jeune », commentait-il dans un entretien au Monde en 2003. En bon gauchiste, il se demande ce qu’il va en faire: « J’ai eu envie de le diffuser. Ça dure depuis trente ans. Qu’est-ce qu’on a pu m’emmerder sur cet argent! », ajoutait-il.
Du mouvement hippie au hip hop ou à la techno, le journaliste s’était passionné pour toutes les cultures underground. Né le 19 août 1944, il suit des études de lettres et de sciences économiques avant d’être un temps prévisionniste économique à la société d’études économiques BIPE.
Il se tourne vers le journalisme et travaille pour l’Express de 1967 à 1970, date à laquelle il fonde avec une poignée de copains –Michel-Antoine Burnier, Patrick Rambaud, Bernard Kouchner entre autres– Actuel, un magazine gauchiste engagé.
Son monde: les beatniks, les freaks, les punks, la grande aventure de San Francisco à Goa, du Larzac à Copenhague. Féminisme, homosexualité, squatters, écologie, ultra-gauchistes, situationnistes, pirates informatiques, punks: Actuel traite de toutes les nuances de l’utopie et de la révolte, la route façon Kerouac, le marxisme selon Karl, et… les trips hallucinogènes.
Bizot saborde le journal en 1975, en pleine gloire, par « lassitude », puis le fait renaître en 1979, jusqu’en 1994.
« On s’est beaucoup gouré », racontait Léon Mercadet, ancien d’Actuel, à Libération en 2001, en parlant de cette aventure. « Mais on ne s’est jamais pris au sérieux. On a même beaucoup déconné. »
En 1981, Bizot se lance dans un nouveau mode de diffusion avec Radio Nova. La radio devient vite une référence, lance des musiciens, du reggae au rap, des hippies au hip hop.
Découvreur de talent, Bizot se targue d’avoir déniché Philippe Vandel, Jamel Debbouze, Edouard Baer ou Ariel Wizman.
A l’occasion de la sortie de son livre « Underground, l’histoire » (Denoël), en 2001, Libération lui demandait: « C’est quoi l’Underground? » –mot qu’il préférait à celui de « contre-culture »–: « Savoir faire un pas de côté, se risquer à faire ce que l’époque ne prend pas en compte », répondait-il.
« Un jeune a toujours le droit de vous attendre comme un crétin au tournant puisqu’on a tous été jeunes. On lui répond: « se brancher, voilà ce qui était et qui restera une vérité underground », ajoutait-il.
En 2003, il reconnaissait: « Je suis devenu démodé. Les modes, ça m’a énervé. De toutes façons, elles reviennent toujours ».
Jean-François Bizot a écrit de nombreux autres ouvrages, enquêtes ou essais, dont « Au Parti des socialistes » (1975) avec Léon Mercadet et Patrice Van Eersel, romans –« Les Déclassés » (1976) ou « Les Années blanches » (1979). Il a également traduit des oeuvres de Charles Bukowski, réalisé des documentaires pour Arte et Canal+ et un film, « La route », en 1973.
Via : AFP
Radio Nova lui rendra hommage à la radio dans les jours qui viennent et un forum a été ouvert sur NovaPlanet.