C’est ainsi qu’ils ont construit leur imaginaire : hors des sentiers battus, loin de la scène parisienne. Ils ont créé un univers où toutes leurs références pouvaient se rencontrer, imprégné d’une atmosphère unique et d’un penchant pour la nostalgie, trouvant un équilibre délicat entre minimalisme et maximalisme, élégance et opulence, des idées qui ont été immédiatement identifiées comme des thèmes clés pour le récit de la marque.
Ce « théâtre des rêves » aurait pu sortir tout droit de l’esprit de Renzo Mongiardino, icône de l’architecture italienne du XXème siècle. Il était tout à fait logique que la figure de proue de l’architecture décorative soit choisie comme principale source d’inspiration pour ce premier défilé.
Maître de l’ornementation, mélangeant les genres et les époques avec brio, l’ancien scénographe a su évoquer « l’esprit corrosif de la mélancolie » à une époque où le modernisme faisait fureur.
Fidèle à cette vision proustienne de la nostalgie, la collection Automne/Hiver 2024 de Drôle de Monsieur est une véritable alchimie de styles, mêlant les inspirations et les époques pour réunir des cultures sartoriales qui se sont toujours opposées : l’opulence ornementale des Seventies et le minimalisme normcore des Nineties. À l’instar de Renzo, qui a créé des maisons pour Gianni Versace et Jil Sander, les silhouettes de cette collection pourraient être portées par un large éventail de personnages, de Sylvester Stallone à Sean « Puffy » Combs, de Luciano Pavarotti aux Bee Gees.
Ouvertement polyvalentes, les silhouettes sont une ode à un passé heureux : les souvenirs, réels ou imaginaires, créent des influences qui sont tissées ensemble, se connectant et se complétant les unes aux autres dans un mélange intentionnel des genres. Un look denim intégral, façon cow-boy en macadam, contraste avec une tenue inspirée du Studio 54, de la tête aux pieds. Les cravates et les gants sont un fil conducteur, ajoutant des touches finales qui oscillent entre le style démodé et le style post-gangster. L’allure est faussement BCBG, portée avec une désinvolture démesurée. L’opulence caractéristique de Mongiardino fait quelques apparitions, rappelant qu’il peut y avoir de la beauté dans l’exagération.
Si l’espace rend clairement hommage à l’univers de l’architecte transalpin – tant par sa théâtralité que par son ornementation lourde – les looks eux-mêmes sont construits autour de personnalités, de personnages réels, guidés par l’idée centrale que les vêtements sont faits pour être portés, encore et toujours… respectant en ce sens la plus pure tradition du prêt-à-porter.
DRÔLE DE MONSIEUR