Quand on pense à la Fiat 500 – en 2012 – on imagine une petite citadine à la bouille craquante, plutôt destinée à la gente féminine trendy. Mais lorsqu’Abarth, préparateur émérite avec à son actif des modifications qui ont marqué l’histoire du sport automobile, s’empare du pot de yaourt version 2.0, la perception change du tout au tout pour gagner en sportivité et en virilité !
La 500 Abarth de base est animée par un 1400 cm3 suralimenté de 135 chevaux, joueur dès 2000 tours minutes et proposant un couple de 230 mkg à 3000 tours/minute. Le modèle que j’ai eu le plaisir d’essayer était encore une gamme au-dessus puisqu’il s’agit de la 500 Abarth « EsseEsse » (SS, pour super sport). Cette 500 Abarth se différencie à la fois esthétiquement et mécaniquement : un amortissement durci (4 ressorts plus rigides et 4 amortisseurs Koni), une cartographie optimisée pour pousser le petit moulin à 160 chevaux, 4 jantes 17 pouces équipées en Dunlop Sport Maxxx 205/40 ZR 17, freinage spécifique, et last but not least : un magnifique échappement Monza à 4 sorties qui libère les cordes vocales de la bête.
Extérieurement la voiture annonce clairement la couleur : spoilers proéminents, jantes à bâtons qui exhibent des disques ventilés/perforés et mordus par des étriers rouge vif, aileron qui surplombe le hayon arrière et bas de caisse. L’ensemble est en cohérence avec les proportions de la voiture, un régal pour les yeux !
L’habitacle est soigné : volant, pédalier, levier de vitesses, frein à main et sellerie spécifiques. Le cuir est surpiqué de rouge, les commandes tombent facilement sous la main, et partout la présence du scorpion nous rappelle que nous sommes à bord d’une Abarth. Deux légers défauts à relever de ce côté-ci : un léger manque de maintien des sièges en conduite sportive, et des plastiques durs et désagréables au toucher sur la planche de bord (hérités de sa petite sœur 500).
Le tableau de bord est sobre mais toutes les informations nécessaires sont là : vitesse, régime moteur, niveaux, température et même un mano d’indication de pression du turbo dont l’aiguille aime s’affoler chaque fois qu’on augmente la pression sur la pédale de droite !
En voiture, ceinture de sécurité verrouillée, contact et moteur. Les quatre sorties d’échappement feraient presque croire qu’un bloc six cylindres se cache sous ce petit capot. Premier, deuxième, troisième rapport : les verrouillages sont francs, les trois premières vitesses sont courtes, on a très vite envie de savoir ce qu’elle a dans le ventre. Mode sport enclenché (le mode normal est prévu pour favoriser une faible consommation, le turbo se déclenche plus tard et la puissance est bridée – à oublier) je cruise sur un filet de gaz jusqu’à ma destination du weekend, deux heures d’autoroute, environnement qui ne s’est pas avéré être le terrain de jeu de cette auto : on ressent la moindre imperfection de la route, ce qui personnellement ne me dérange pas mais qui a de l’importance pour nombre d’entre nous. Sortis de là, la 500 et moi nous sommes alors engagés sur une petite route de campagne. En dix secondes et elle vous rappelle ce pourquoi elle a été conçue : procurer du plaisir en étant pilotée, la conduite elle n’aime pas. L’échappement ravît mes oreilles de pétarades lors des passages de rapports proches du rupteur, la direction est précise et la voiture s’inscrit parfaitement dans les courbes sans jamais me prendre à défaut. On s’amuse et on se sent en sécurité, attention à l’excès de confiance si vous vous retrouvez à son volant !
Le trajet sur route départementale que j’emprunte alors dure habituellement une quinzaine de minutes, ce jour-là il se sera prolongé près de deux heures tant j’ai pris du plaisir à enchaîner les virages serrés, les longues courbes, les freinages tardifs… Le lendemain, même scénario sur départementales et direction le circuit de Croix en Ternois pour effectuer les tests et valider la conformité d’un autre véhicule, et cotiser au titre de la licence de pilote de rallye pour l’année 2012.
Le circuit étant réservé aux membres de l’association automobile dont je dépends, j’en ai profité pour faire quelques chronos au volant de la 500 qui s’est mesurée à des « vraies » sportives. Sur la piste, des voitures de rallye de 1300 à 2000 cm3 équipées de ponts autobloquants, de boîtes courtes et d’échappement libres, de vrais monstres taillés exclusivement pour la piste. Néanmoins, tout ce petit monde a été interpellé par mon pot de yaourt rouge vif qui a tenu en joug des voitures de course et en a même laissé quelques une sur le carreau. Collée au sol, elle ne sous vire que très (très) peu et effectue des passages en courbe à (très) grande vitesse. Le freinage franc ne montre pas de signes de surchauffe et l’ABS permet de ralentir tard sans se mettre en danger, la direction est précise et inscrit parfaitement la voiture dans les trajectoires demandées par son pilote. Après trois tours, un passage par les paddocks où les curieux et les pilotes qui se sont fait doublés quelques minutes auparavant ne tarissent pas de questions sur l’engin et sur la préparation EsseEsse qui s’est avérée être peu connue, même par un public de passionnés.
Dimanche soir, de nouveau sur l’autoroute en direction de Paris et un peu frustré de devoir rouler à vitesse constante. A mon arrivée, je jette un coup d’œil à la consommation moyenne du weekend : 9.5L/100km. Ce qui reste très raisonnable avec un mode sport constamment activé et quelques virées très sportives qui ont représenté une centaine de kilomètres sur les 500 effectués au total.
Bilan de cet essai : la 500 Abarth Esse Esse est une petite sportive redoutable d’efficacité, tant sous le capot qu’en termes de contact au sol. Si vous recherchez le confort d’une berline, passez votre chemin, il en restera plus pour nous. Si à l’inverse vous appréciez la raideur et la précision d’un vrai châssis sportif, alors courrez chez le concessionnaire le plus proche pour demander un essai je prends les paris que vous serez conquis.
Dernier détail : les kits Esse Esse doivent être achetés en sus d’une 500 Abarth classique et les tarifs sont relativement élevés (près de 6 000€ sur ce modèle d’essai si on inclut l’échappement Record Monza à 1260€). Certains diront que c’est trop cher, les autres comprendront que c’est le prix à payer pour être l’heureux propriétaire d’une voiture rare et exclusive.
Merci à Joshua Lemblé pour le prêt de ce petit bijou, et à très bientôt pour l’essai de sa grande sœur : La Punto Abarth Esse Esse et ses 180 chevaux !
500 Abarth500 Abarth Esse EsseAbarthcarFiat 500